Tout à mon affaire dans le plan qui m'amènera au marathon de Cheverny, le Semi de Paris arrive comme un
test de la forme du moment. Dans son plan marathon en 3h50, Gérard Martin place un semi-marathon à 4 ou 5 semaines du but. Autant dire que cette course arrive à point nommé. En outre, pour
valider le plan, je devrais réaliser au moins 1h45. Au vu de mon état de forme actuel, je vme rêve même à passer sous les 100 minutes. Alors, je travaille à l'entraînement sur cette allure
(4'45"/km, voire même à 4'40"/km) et tout passe très bien.
Même si je ne suis pas très friand de ce genre de course (foule, parcours pas formidable...), je me dis que c'st une bonne occasion de régler mes comptes. En effet, l'an passé, j'avais eu les
plus mauvaises sensations de ma vie et fini la course totalement écoeuré.
L'avant-course
Contrairement à l'an passé, je ne prévois pas de rendez-vous retrait de dossard. Cependant, je retrouve mes amis Renaud et Laurent au Parc Floral le vendredi 1er mars vers 13h00. Il y a déjà énormément de monde
et je me dis que le lendemain, ça risque juste d'être l'enfer... Nous avons le plaisir de croiser Philippe et Greg (membres de la Runnosphère) au stand de l'artiste marathonien Vincent Dogna: un excellent moment de partage.
Toutes choses étant faites, nous prenonc congés en nous donnant rendez-vous dimanche vers 9h00.
Greg, Philippe, Renaud, Bernard, Laurent et Louis (Photo: Vincent Dogna)
La journée de samedi se passe tranquillement. La nuit de sommeil tout autant. Bref, je suis PRET!
A 9h00, je retrouve les amis runners sur l'esplanade du Château de Vincennes et il y a déjà beaucoup de monde. Je ne suis plus intimidé mais il est clair que je ne suis pas à l'aise dans cette
foule dense. Bref, pas grave, c'est pareil pour tout le monde. Mon ami Stéphane me propose de courir la course avec moi. Il souhaite courir à son allure
marathon (4'45"/km) , ce qui est pile-poil mon allure objectif: parfait!
Après un échauffement de 20 minutes, nous rejoignons nos sas respectifs (Stéphane est inscrit dans le sas 1h35, moi dans le sas 1h40). Les sas sont plein à craquer et je comprends vraiment
pourquoi je n'aime pas ce genre de course. Cependant, j'ai de bonnes sensations et étant très concentré, je ne pense qu'à faire une belle course.
A 10h00, les élites s'élancent. Pour ma part, mon sas part à 10h13... Par définition, mon temps officiel ne sera pas terrible!
Le parcours
C'est le même que l'an passé. Il est globalement roulant mais la montée de la Rue Taine (km8) et surtout l'affreuse côte de la rue de Reuilly (km17) pimentent le parcours...
La course
Mon objectif étant de 1h40, les choses sont simples: Passage prévu au km5 en 23'45", au km10 en 47'30", au km15 en 1h11'15" et au km 20en 1h35'. Pour la première fois de ma vie de
runner, je vais faire confiance au meneur d'allure 1h40, sensé nous faciliter la tâche. A côté de cela, les conditions sont idéales, il fait froid certes (3°C) mais le soleil resplendit et donne
le moral.
Que de monde!!
Un départ...folklorique
Au vu de l'immense foule présente (plus de 30000 partants), il ne faut pas s'attendre à des miracles: ça joue des coudes! Je m'en tire plutôt pas mal et je rejoins Stéphane très rapidement (placé
à l'origine dans le sas 1h35) L'avenue de la Pyramide contient avec peine le flux des runners. Je me cale à une vingtaine de mètres meneur d'allure et les choses se passent bizarrement: après un
kilomètre couru en 4'58", nous parcourons les 1000m suivants en...4'31", bonjour la variation! Sur le faux-plat montant de la Route du Pesage, j'ai la surprise d'entendre des runners chercher
leur souffle. Je suis encore plus étonné en voyant qu'ils portent un dossard...sas 1h35!!! Bref...
Nous basculons ensuite sur l'avenue de Gravelle, la zone la plus favorable de la course.
Rapidement dans le doute...
L'avenue de Gravelle est le premier danger de cette course. Ce faux-plat descendant porterait à se tromper et à courir trop vite. Il s'agit donc de maîtriser l'allure sans perdre de vue le meneur d'allure. Les km 3 et 4 sont de bonne facture (4'45" et 4'40") mais d'un coup, le pacemaker accélère et, sans le savoir, je commence à creuser ma tombe en suivant ce drôle de bonhomme. Nous passons le km 5 en 23'22" soit 23 secondes d'avance mais j'ai déjà une drôle d'impression. Ayant décidé de partir sans ravitaillement personnel, j'attrape au vol une bouteille d'eau et un sucre. Il ne fait pas bien chaud et l'eau est à l'image du climat: froide. En 24 minutes, je viens de faire une série d'erreurs dont je ne mesure pas encore la portée bien que j'informe Stéphane que nous allons vraiment vite.
Tout schuss vers la Bastille
Après avoir gravi la rue Taine sans coup férir et salué notre amie Fatiha, placée juste après le km8, nous dévalons l'avenue Daumesnil. J'en profite pour me laisser "descendre" tranquillement. A ce moment, mes sensations sont plutôt bonnes. Je ne force pas et passe le km 10 en 47'07". L'avance est conservée au niveau du plan de marche. Un gigantesque portique "Powerade" signale que le ravito arrive. C'est carrement l'anarchie mais j'arrive à saisir un gobelet de cette boisson que je n'ai pas l'habitude de boire en course. Toujours aussi froid, le liquide congèle mes intestins...mais ça va encore. J'évolue prudemment pour éviter de glisser sur un des milliers de gobelets jonchant le sol et là, je me dis que les courses de masses ne sont vraiment pas faites pour moi...
Début des difficultés
Après un km11 forcément plus lent (4'58"), je relance un peu sans perdre de vue le meneur d'allure 1h40. Je commence à réaliser qu'il porte des accélérations suicidaires pour un runner de mon niveau. Un des permiers tournants arrive peu avant l'Hotel de Ville, sur le Quai des Célestins. Je sens le point de côté arriver et là, je ne fais pas le fier. Le meneur d'allure prend finalement 50, 60, 70 mètres d'avance. J'arrive toutefois à tenir l'allure des km 12 à 14 (4'46"/km de moyenne) mais je suis forcément inquiet. Je trouve quand même de quoi sourire avec ces idiots de piétons qui osent traverser pendant notre passage: pas de souci, ils sont sévèrement rabroués par quelques collègues runners. Non mais!!!
Dans le dur (1ère phase)
Après notre deuxième passage sur la place de la Bastille, ça devient sauve-qui-peut. Stéphane s'enquiert de ma situation et j'avoue que ça va plutôt...moyen (quel euphémisme!). J'avance comme je peux et au vu de mes douleurs, je ne m'arrête pas au ravito car je sens que l'eau glacée et moi, ça fait deux. Pour le moment, les 100 minutes sont encore jouables (passage au km15 en 1h11'14") mais je suis pessimiste: la rue du Faubourg Saint-Antoine est en faux plat-montant et surtout le véritable Galibier de ce semi se profile à l'horizon: la Rue de Reuilly.
Une nouvelle fois, je suis distrait dans mes difficultés par une très imbécile piétonne qui traverse en plein milieu du peloton. Et bien, splash, elle se prendra en pleine poire le reste d'un
gobelet lancé par une runneuse. Savoureux!
En perte de vitesse (km16: 5'04"...) je limite la casse dans la Rue de Reuilly et je vois arriver la place Daumesnil avec soulagement. Comparé à l'an passé, je suis en meilleure posture malgre le
point-de-côté qui m'accompagne pour de bon. Stéphane me lâche pour de bon mais c'est bien normal, je suis dans le dur...
Dans le dur (2ème phase)
Au km18 à Porte Dorée
Après avoir repris espoir dans l'avenue Daumesnil en faux-plat descendant (km18 en 4'47"), je dois encore gravir le raidillon de la Porte Dorée. Et là les choses se gâtent. Le second meneur d'allure 1h40 s'envole et ça commence à sentir le roussi. Bien que très familier (je m'entraîne très souvent ici), le Bois de Vincennes me paraît tout d'un coup d'une hostilité sans précédent. D'un seul coup, le point-de-côté devient ingérable et pile au km19, je ressens comme un coup de poignard. Il va falloir finir au courage et je dois vous avouer que j'ai failli me laisser aller à marcher...mais NON, pas question! L'1h40 est hors de portée mais je vais aller chercher le chrono!
A la relance
Après deux kilomètres de galère, je rassemble mes dernières forces et je "fonce" (tout est relatif) sur l'arrivée. Je peux encore faire moins de 1h42, ce qui malgré tout me ferait gagner près de
2 minutes sur mon record personnel. En toute honnêteté, je ne ressemble plus à grand-chose mais j'avance encore. Je suis très étonné de voir un runner m'ayant doublé au km 10 marcher à 200 mètres
du but: le bonhomme est rôti...
Pour ma part, je donne tout et franchis la ligne en 1h41'31", soit 2'12" de moins qu'au semi de Vincennes. L'honneur est sauf.
Juste après la ligne, les secouristes s'affairent autour d'un runner en détresse. Pour ma part, je m'en veux d'avoir si mal géré ma course et mes ravitos mais je reprends très rapidement mes
esprits. après tout, je viens d'emplâtrer mon RP sur une course qui ne me réussit pas. Le verre d'eau est à moitié plein. Les 100 minutes seront pour plus tard.
Trop irrégulier. vous noterez le vrai coup de mou à partir du km16
Après coup, je me dis que réaliser ce chrono après avoir commis toutes les erreurs possibles (ou presque) n'est pas si mal. J'ai engrangé de l'expérience qui me servira prochainement, à coup sûr. Je sais également que je ne ferai pas l'edition 2014. Pour le moment, les mégacourses ne sont pas pour moi, c'est bien clair.
Concernant le plan marathon, je suis largement dans les clous pour un objectif 3h50. Pas de recalibrage, je resterai sur cette base. En tous cas, je saurai comment gérer mes prochains semi et j'ai hâte de prendre ma revanche au printemps. A présent, c'est tout pour le marathon: les cinq prochaines semaines s'annoncent riches et passionnantes!