Eric (Dare): Running, Arsenal et Rock n'Roll!

Peu de temps après avoir connu les Vincennus dont il fait partie, j'ai effectué un de mes tout premiers runs avec Eric (dit Dare). Depuis, nous avons partagé pas mal de kilomètres que ça soit à l'entraînement ou en course. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de vous le présenter de plus près. Plus qu'un running partner, un véritable ami. Toujours prêt à partager une sortie et à distiller ses conseils dans la bonne humeur, Éric est un vrai bon runner tant par ses performances que par son comportement.

Faisons-donc plus amplement connaissance.

Eric

Salut, Éric, comment vas-tu ces jours-ci?

Très bien. Comme tu le sais je m’apprête à m envoler pour Barcelone pour y courir le Marathon. L’excitation monte chaque jour de plus en plus  

Comment es-tu venu au running?

Par hasard, grâce à mon prof de gym en classe de terminale, Mr Maniez. Mais laisses moi te raconter mon histoire. J’ai toujours été nul en sport, quel qu’il soit. Étant de une nature très maigre et peu musclé (surtout le haut du corps), j étais handicapé lors de pas mal d épreuves (lancer de poids, grimper à la corde). Je me suis essayé à différents sports tels que le vélo (le plus pratiqué) le football, le basket (eh oui ),le badminton, le tennis de table mais à l' évidence je n’étais pas doué pour ça. Et puis un jour, le prof nous fait faire un 1000m. C’est une distance courte pour nous coureurs d endurance mais a l’école, cette épreuve de demi-fond ressemblait pour nous, jeunes étudiants, à une course de fond. Je m’en souviens comme si c’était hier ; au départ, tout se passe comme prévu, je me fais décrocher dès les premiers mètres par tout le monde et puis, je ne sais comment, je commence à remonter un à un les autres élèves et aux 300m, dans la ligne d’en face, j’accélère encore un peu sans avoir l impression de forcer. Je me retourne à la sortie du dernier virage et ne voit plus personne! En passant la ligne d’arrivée en 3’16'', mon prof me dit : « mais Éric, qu’est ce qu’il t arrive!! ».

Je crois que c’est de là que tout est parti. Mr Maniez m’a inscrit ensuite sur des épreuves scolaires de cross mais ça ne plaisait pas trop (trop court, trop rapide, trop de boue!!). Puis j’ai participé à quelques courses hors stade qui sont devenus aujourd’hui des classiques tels que les 20km de Paris, Paris-Versailles qui m’ont plu davantage (distance plus longue, ambiance, rassemblement de coureurs, encouragements d’un public nombreux …). J’avais trouvé un sport individuel qui convenait à mon caractère et à mes possibilités endurantes dont j’ignorais l’existence auparavant.

Tes débuts ont-ils été encourageants ou alors t'es-tu accroché?

Si on considère que j’ai débuté 2 fois en course à pied (je m’en explique un peu plus loin), je dirais que mes premiers débuts furent encourageants (épisode du cours de gym) alors que pour mes «seconds» débuts, reprise du sport après 15 ans, il a fallu m’accrocher.

Quels sont tes records (10km, semi, marathon)

Rien d’impressionnant

10km: 44mn 45s (Foulées de Vincennes 2012)

Semi-Marathon: 1h 39mn 23s (Chasseurs de Temps 2011 grâce à Pierrot que tu connais bien et que tes lecteurs ont eu la plaisir de découvrir par le biais de ton interview).

Marathon: 3h 44mn 53s (Montpellier 2010)

(*) Dans l’absolu c est 3h22 mais cela date de 1988 à Argentan, j’étais beaucoup plus jeune.

Quelle est ta semaine type d'entraînement?

Je cours désormais en moyenne 4 fois par semaine.

2 sorties en endurance, une sortie avec des allures seuil et une sortie longue le week-end qui ira entre 1h30 et 2h mais qui peut aller jusqu’à 3h en préparation marathon). Très peu de fractionnés courts.

Nous partageons souvent des entraînements ensemble. Aimes-tu également les footings collectifs?

En effet, j’ai découvert que la CAP pouvait être aussi un sport de groupe. J’ai couru 1 an seul lorsque j’ai repris la course puis j’ai rencontré le groupe des Vincennus avec qui je cours le dimanche (quand je n’ai pas de compétition). Depuis novembre dernier, je fais également mes footings d’endurance en groupe les jours de semaine. Ça permet de voir du monde, de discuter, échanger, prendre des conseils, en donner et de ne pas voir le temps passer à l’entraînement. Crois moi, une sortie longue de 2h45 seul ou en groupe c’est pas pareil.

Quid de l'entraînement solitaire??

Il reste présent et nécessaire car lorsque tu cours en groupe, les coureurs n’ont pas le même niveau or, si tu dois travailler à des vitesses spécifiques qui te sont propres, tu dois les faire seul, a ton rythme.

Tu as le profil du routard forcené. Tu n'as jamais été attiré par le trail ou la course nature?

Je sais que le trail est à la mode aujourd’hui mais je ne suis pas attiré par cette discipline. Pour des raisons physiques tout d’abord. J’ai un genou gauche très fragile et descendre d’importantes pentes n’arrangerait pas les choses. J ai aussi des problèmes de pose de pied (un pied gauche qui a tendance a entrer a l’intérieur) et je risque facilement de me tordre la cheville si le sol n’est pas régulier, sur le moindre caillou ou la première racine. C’est sur le bitume d’une chaussée bien plane que je me sens le plus à l’aise pour courir.

Si j’aime m’entraîner en nature, j’apprécie également les courses de longues distances en milieu urbain, surtout les marathons où tu peux emprunter des rues qui te sont interdites le reste de l’année. Je trouve magique de courir sur les grandes avenues de Paris, Berlin, Barcelone, ou New York, porté par la foule.

J’aime la nature, et tout particulièrement la montagne. J’ai passé de nombreuses vacances, été comme hiver, dans les Alpes et les Pyrénées. J’y ai fait un nombre incalculable de randonnées.

Quelle mouche te pique pour que tu enchaînes tant de courses?

Je m’entraîne beaucoup et pour éviter la lassitude qui survient au bout de quelques semaines, je remplace une séance dominicale par une course, par exemple pour travailler la vitesse je cours un 10km, un semi pour travailler le seuil. Ça me permet de m’entraîner tout en étant dans des conditions de courses, parmi des coureurs qui partagent la même passion avec tout un rituel autour (retrait des dossards, épinglage, préparatifs, conversations entre coureurs..) ainsi je garde la motivation intacte. Je souligne que je ne fais pas chaque course avec objectif de temps.

Lors du semi de Vincennes (30 octobre 2011)

Ton meilleur souvenir en course?

Je n’ai hélas pas couru assez de courses pour le moment pour avoir un souvenir en particulier. Mon « histoire » de coureur ne fait que commencer et reste à écrire.

Ton pire souvenir?

Lors du triathlon d’Orléans en 1989. J’avais terminé mes 2,5km de natation, limité la casse en vélo sur les 80 KM et m’apprêtais à terminer les 20 derniers KM à pied, ma discipline préférée avec l’idée de remonter une bonne poignée de concurrents. Hélas, ces 20 bornes se sont transformées en calvaire à cause de problèmes intestinaux (il faisait très chaud en ce mois d’août et il est possible que j’aie bu une eau trop fraîche. Ceux qui ont connu ça savent de quoi je parle). Je n’ai fait qu’alterner marche et course, une horreur.

Tu as très longuement interrompu la course à pied. Pendant ce temps, as-tu pratiqué un autre sport?

Non. J’ai stoppé le vélo d’un coup et arrêté la course progressivement au début des années 90. La bêtise de ma vie. 

Quel événement a provoqué ton retour?

Plusieurs facteurs. Tout d’abord, ma copine de l’époque (les filles sont fortes pour ça ) qui m’a fait prendre conscience qu’il fallait que je perde du poids. Toutes ces années sans sport m’ont fait grossir tout en gardant les jambes fines. Résultats des courses : il fallait que j’achète des jeans de grande taille pour pouvoir les fermer dans lesquels mes jambes fines flottaient. C’était très moche et il fallait faire quelque chose.

Gourmand comme je suis, je ne voulais pas suivre un régime strict en me privant de tout mais réduire progressivement des choses tout en pratiquant un sport parallèlement. J’ai pensé que la course serait le moyen le plus efficace pour arriver a mes fins en gardant le souvenir que c’est dans cette discipline que je me débrouillais le mieux.

Le virage des 50 ans aussi a joué son rôle. Je me suis dit «  Éric, si tu dois reprendre le sport, c’est maintenant, sinon dans 10 ans ce sera trop tard.

Quand je regarde autour de moi les hommes de 50 ans ou même un peu plus jeunes, je me dis que j’ai une chance incroyable de ne pas faire mon âge alors autant profiter de cette chance le plus longtemps possible.

Un 3^efacteur, peut être le plus important, celui qui détermine le fait que je ne ferai plus la bêtise d arrêter le sport est d’ordre du vécu personnel. Ma mère est gravement malade, handicapée, dépendante et clouée au lit ou sur fauteuil (j’arrête là, je ne veux pas faire pleurer dans les chaumières) et chaque jour que je cours, je pense à la chance que j ai d’avoir mes 2 jambes en état de marche (de course devrais-je dire  ). C’est idiot, mais je ressens comme un devoir de me servir de mes jambes tant que j’en ai la possibilité. Je trouverais presque indécent de ne pas le faire.

Aujourd’hui je ne cours plus pour maigrir mais parce que j’ai retrouvé le plaisir de courir et de vouloir me surpasser tout en gardant à l’esprit que je ne pourrais plus atteindre mes perfs de jeunesse.

En tant que VH2, comment fais-tu pour durer?

C’est une question essentielle car à mon âge, l’objectif est de durer et de ne pas de m’esquinter la santé.

Je cours en essayant de le faire intelligemment. Je me documente, je prends conseil partout même de coureurs du dimanche qui ont toujours une expérience a partager, un truc qui marche pour eux. J’ai revu récemment ma façon de courir en relisant Serge Cottereau. Ces conseils semblent porter leurs fruits puisque j’ai battu mes records et surtout je finis mes courses dans un état de fraîcheur incroyable. De plus, sa vision de la course tend plus vers la durée que la perf’ à outrance au risque de te blesser et d arrêter la course.

Des objectifs à venir ?

Courir le plus de marathons possibles dans des villes différentes pendant que mon corps peut me le permettre car j ai conscience que l’horloge tourne et qu’un jour viendra le temps où il faudra ranger l’idée de battre ses records et accepter de courir moins vite, moins longtemps, juste pour le plaisir. Évidemment, nous espérons tous que ce moment arrivera le plus tard possible. Dans un avenir proche, battre mes records sur semi et marathon (Berlin en septembre sera une belle occasion) mais sur 10km je pense avoir atteint mes limites sur cette distance, la vitesse me faisant cruellement défaut, m’entraîner trop intensément pour performer sur 10km aboutirait presqu’à coup sûr à des blessures.

Tu suis un régime alimentaire particulier?

Je ne suis pas un bon exemple pour nos amis coureurs car je ne prête pas trop attention a mon alimentation. Je mange peu de légumes et peu de fruits et je n’aime pas le poisson. Avec les années j arrive a me raisonner davantage mais je reste un grand gourmand et toutspécialement les desserts. Je mange nettement moins gras qu’avant et le sucre de ma gourmandise est dépensé en course. Je ne reprends plus de poids.

Tu sembles être un grand fan de côte de boeuf....

Je vois que tu es bien informé ;o)

En effet, quand j’ai faim, je pourrais manger une cote entière.

A ce propos, quand est ce qu’on s’en mange une, Bernard ?

Pour fêter ton 1^ermarathon par exemple ??

Des goûts musicaux?

Les gens qui me voient se doutent que je n’écoute pas du R’N’B ou du rap. J’aime le rock et tout particulièrement ce qu’on appelle en France le Hard FM et aux states l’AOR (Albums Oriented Radio). Du rock ou hard-rock très mélodique avec des refrains accrocheurs. Pour te situer : Journey, Foreigner, Survivor…..

J’écoute aussi des groupes dit de métal atmosphérique avec chanteuse du genre Within Temptation Delain, Lacuna Coil ou des groupes Rock actuels américains tels que Nickelback, Shinedown, Daughtry…

Un seul maître mot : La mélodie, l’énergie d’accord mais pas le bruit.

Mes amis me taquinent souvent en me disant « Éric, toi tu écoutes de la musique pour les filles ! »

Comment définirais-tu le vrai runner?

Je ne veux pas éviter la question mais chacun a sa propre définition. Le vrai runner est-ce celui qui dépense tout son argent dans ce sport ? Qui court 5 fois par semaine? Qui court le marathon en moins de 3h ou qui le termine juste ? Je ne pense pas que c’est un regard extérieur qui détermine si tu es un vrai runner mais comment chaque coureur à l intérieur de lui-même le ressent. Tu te sens runner ou pas. Pour me mouiller un peu plus je dirais que le runner est un passionné de course, qui pratique la course comme sport n°1 ou au moins assidûment.

Et pour finir, la question WTF* (la question hors-sujet...) du jour: Pourquoi diable aimes-tu l'équipe d'Arsenal? LOL

Parce que j’aime leur jeu de passes courtes (quand ils arrivent à l’imposer). C’est l’arrivée d’Arsène Wenger qui a changé la donne en transformant leur jeu anglais stéréotypé en un jeu plus posé et en misant sur les jeunes. Ce que j’aime aussi (c’est un peu maso), c’est leur vulnérabilité. Les Gunnerspeuvent très bien faire un super match contre une équipe du big 4 et se faire battre par le dernier du classement la journée d après. C’est stressant mais ça donne du piquant. C’est sûr, être supporter du Barca est plus rassurant car tu es presque sur de gagner mais comment vibrer à chaque match dans ces conditions ?

Merci d'avoir bien voulu prendre le temps de répondre. Je te souhaite un excellent marathon de Barcelone.

Quelque chose me dit que tu auras pas mal de choses à nous raconter